L’IA va-t-elle remplacer les graphistes?

Une personne danse à l'air libre, avec un nuage en guise de tête.
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La question peut sembler provocatrice, mais n’est pas sans fondement. L’intelligence artificielle sonne-t-elle le glas du graphisme, comme elle est en train de transformer tant d’autres métiers? Pour ma part, je ne peux pas y croire. Un métier est une entité vivante: il évolue, il s’adapte, il se réinvente. Il y a cinquante ans, les graphistes découvraient les ordinateurs; les photographes retouchaient encore leurs pellicules à la main. Aujourd’hui, l’IA n’est qu’une étape de plus dans cette longue histoire d’outils et d’innovations.

Prenons un parallèle simple: le correcteur orthographique de Word. Il n’a pas remplacé les écrivains publics, mais il a permis à plus de monde d’écrire de meilleures lettres. Les appareils photo numériques, quant à eux, ont ouvert la voie à des millions de passionnés. Les photographes professionnels ont malgré-tout continué à exister, en apportant leur regard, leur créativité et leur maîtrise technique. De la même manière, l’IA est un outil puissant, mais qui reste au service de celles et ceux qui savent l’utiliser à bon escient.

L’IA comme alliée du graphiste

Chez Fluide comme dans la plupart des entreprises de services actuelles, nous utilisons l’IA au quotidien. Elle nous aide à rédiger des textes, confronter des points de vue, améliorer nos processus, accélérer certaines tâches rébarbatives. Nous avons rapidement adopté ChatGPT pour tout cela, suivant le trend du moment. Dans le domaine graphique, la suite Adobe intègre déjà des fonctionnalités impressionnantes. Retouches génératives dans Photoshop, illustrations vectorielles créées par IA dans Illustrator, cadrages intelligents, agrandissements d’images, etc.

Nous travaillons aussi avec Midjourney, un outil puissant de génération d’images. Il nous permet de créer des visuels de grande qualité sans devoir organiser systématiquement des shootings énergivores et fastidieux. Pour autant, cela ne signifie pas la fin des photographes, bien au contraire. Ils doivent encore une fois se démarquer et innover. Ils et elles ont un rôle essentiel à jouer, notamment pour les portraits, les reportages, ou les commandes sur mesure. Dans ces cas, la sensibilité et la créativité humaine fait toute la différence.

Ce qui reste irréductiblement humain

Aussi bluffante soit-elle, l’IA n’est qu’une machine à digérer des données existantes. Nos yeux s’habituent d’ailleurs vite à repérer ses faiblesses. Un regard étrange dans une photo générée nous met mal à l’aise. Une redondance maladroite dans un texte et la crédibilité du sujet en pâti… C’est là que le métier de graphiste reprend des couleurs. Le regard humain reste essentiel pour juger de la qualité d’un sujet, ressentir ou anticiper les émotions d’un public, et pour corriger le tir en cas de dérive.

Avec un pinceau et une toile, des artistes ont créé des chefs-d’œuvre, tandis que d’autres ne dépassaient pas l’exercice scolaire. L’IA ne fait pas exception: ce n’est pas l’outil qui crée la différence, mais la manière dont il est utilisé. Le propre de l’humain est sa capacité d’adaptation, et c’est elle qui permettra aux graphistes, designers et autre créatifs de continuer à inventer, se réinventer et surprendre.

Des clients qui changent aussi

L’IA change aussi le comportement des clients. De plus en plus d’entreprises essaient de générer elles-mêmes logos, illustrations ou visuels avant de nous contacter. Nous recevons souvent des demandes de « professionnalisation » de fichiers issus de l’IA. Loin de nous enlever du travail, cela a parfois un effet bénéfique de prise de conscience. Les clients réalisent ainsi que, même pour manier l’IA, il faut une expertise, il faut du temps. Composer un prompt efficace est déjà un métier. Et puis, nous apportons autre chose que la technique: une écoute, une empathie, une connaissance du contexte local et humain que l’IA peine à imiter.

En définitive

Dans cinq ou dix ans, l’IA sera toujours plus performante. Mon côté utopiste espère qu’elle nous permettra de travailler mieux et plus vite, pour dégager du temps pour autre chose. Du temps pour nos proches et nos loisirs, pour exprimer notre créativité, s’amuser et ressentir. Mais pour cela, elle doit rester au service de l’humain. Avancer technologiquement pour devenir esclaves de nos ordinateurs n’aurait aucun sens. Je saurai que cette utopie sera devenue réalité le jour où les IA feront aussi notre lessive et videront le lave-vaisselle!

Mon message est simple: ignorer l’IA, c’est se priver d’opportunités. Mais lui faire une confiance aveugle, c’est risquer de déshumaniser sa communication. L’équilibre se trouve dans une utilisation intelligente, ciblée et pertinente de ces outils. L’IA peut faire gagner du temps et réduire les coûts, mais elle exige aussi de nouvelles compétences et un regard critique. C’est là que des agences comme Fluide entrent en jeu (voir aussi Guide pour bien collaborer avec une agence créative). Pour vous accompagner dans cette transition, nous tirons le meilleur de la technologie sans perdre de vue l’essentiel: la créativité, l’émotion et l’humain.

Références

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Adrien Quartenoud
Fondateur de Fluide Communication en 2010