Avec le travail à distance, pas toujours facile de garder le contact avec ses collègues, de garder un bon flux de collaboration. Aussi, chez Fluide, nous réalisons régulièrement un « tour des tensions ». Cet outil appris de mon ami Nicolas B. nous aide régulièrement à faire avancer les choses, que ce soit pour la productivité ou le relationnel. En effet, nous avons pris l’habitude de baser nos réunions d’équipe sur cet outil. Qu’est-ce donc, et comment nous le pratiquons?
Qu’est-ce qu’une tension?
Malgré la croyance populaire, une tensions n’est pas forcément négative. C’est une force qui pousse vers le changement. Par exemple, la gravité est une forme de tension qui attire les masses vers le centre de la terre. La pression atmosphérique est une tension qui provoque du vent, fait bouger les nuages. La tension d’un élastique abouti à une rupture ou un relâchement. S’il y a tension, donc, c’est que quelque chose n’est pas à sa place.
Les tensions exprimées peuvent faire appel à diverses émotions. On peut être en tension de manière joyeuse, en disant qu’on est terriblement motivé pour tel projet. On peut être triste à propos de telle situation. On peut exprimer un raz-le-bol face à telle personne. On peut exprimer sa peur de ne pas atteindre tel objectif. La sérénité est peut-être l’exception qui confirme la règle. Car les tensions devraient être très discrètes si l’on est serein.
Dans une idée de cohésion, il est aussi plus intéressant de parler de tensions en lien avec le groupe. Dès lors que la tension ressentie m’empêche d’être à ma place ou de faire ce qui est attendu de moi, elle peut être exprimée.
Le tour des tensions, premières phases
Le processus que nous appliquons s’articule en trois temps. Nous sommes en cercle, autour d’une table ou en séance debout. Nous faisons d’abord un tour pour que chacun réponde à la question « Est-ce que j’ai une tension? » par un simple « oui » ou un simple « non ». Rien de plus. Cette étape permet d’engager chaque personne ayant dit « oui » dans une prise de parole future et chaque personne ayant dit « non » dans une écoute active.
Au deuxième tour, l’un après l’autre, chaque « tendu » exprime sa tension. Le groupe peut au besoin demander des précision, mais ne cherche pas encore de réponse. On écoute, on cherche à comprendre, on soutient s’il le faut. Les tensions peuvent s’exprimer de plusieurs manières. On peut simplement le dire en une phrase courte, car tout est clair dans notre tête. On peut également prendre deux ou trois minutes pour expliquer plus largement le pourquoi du comment.
Le fait d’attendre la fin du tour sans réaction salvatrice ou confrontante est une façon d’écouter pleinement chaque intervenant. En effet, il est possible que des tensions se contredisent au sein d’un groupe. Aussi, il serait contre-productif d’en résoudre une si cette résolution accentue la suivante!
Résolution et apaisement des tensions
Voici quelques exemples:
- Tension: « J’ai une trop grosse masse de travail en ce moment ».
- Résolution: Mieux répartir la charge de travail entre chacun.
- Tension: « Je suis bloqué dans mon travail à cause d’un souci technique ».
- Résolution: Mobiliser des forces pour résoudre la technique.
- Tension: « Je ne me sens pas assez en confiance pour réaliser une tâche demandée ».
- Résolution: Échanger sa tâche avec quelqu’un qui se sent plus à l’aise.
- Tension: « Ma fille est malade et je ne parviens pas à avoir les idées claires ».
- Résolution: Le simple fait de le partager avec le groupe peut être suffisant.
C’est aussi simple que cela. Les tensions peuvent être plus ou moins sévères selon les participants ou selon la période. La vie de groupe n’est pas toujours un long fleuve tranquille!
L’interprétation fluide des tensions
Bien entendu, nous appliquons notre interprétation d’une méthode utilisée dans d’autres structures, d’autres contextes. Cette interprétation est libre à chacun. Elle est même vivante, car le groupe a également le pouvoir de changer les règles. Avec un peu d’habitude, cette phase de nos réunions d’équipe nous a permis de laisser de l’espace pour les petits et gros bobos. Elle a permis d’apaiser des situations tendues dont tous n’avaient pas forcément conscience. Elle a permis de partager des émotions réelles qu’on a tendance à oublier lorsqu’on travaille des heures durant derrière un écran d’ordinateur.
Par ces lignes, je voudrais remercier Nicolas B. de m’avoir ouvert les yeux sur de nouvelles manières d’être et d’agir en groupe. Je souhaite également remercier mes collègues, de longue date ou de passage, qui acceptent d’expérimenter de nouvelles choses, alors même que chacun imagine ses tâche s’accumuler lorsqu’il sont loin de leur place de travail… Et merci à vous de m’avoir lu jusqu’ici dans ce sujet qui a plus trait à la communication inter-personnelle que la communication institutionnelle!
Adrien Quartenoud
Photo de Ingo Joseph provenant de Pexels.